Très cher·e ami·e,
Je me définis comme un homme trans non-binaire, mais cette identité est complexe et ne correspond pas aux cadres stricts du genre binaire. Mon expérience du genre se rapproche de celle des castrats du XVIIIe siècle, qui incarnaient une masculinité raffinée, sensible et subtile, sans les marqueurs physiques que l’on associe traditionnellement à la virilité. En raison de leurs niveaux de testostérone plus bas, les castrats étaient indéniablement des hommes, mais leur manière d’incarner cette masculinité différait de ce que la société qualifie de virilité traditionnelle. Mon identité se rapproche beaucoup de cette nuance : être homme, mais d’une manière différente, plus fluide et moins attachée à des critères physiques stricts.
Mon cerveau, au niveau de la perception et des émotions, fonctionne plus comme celui d’un homme — peut-être dû à une exposition prénatale à la testostérone, qui aurait influencé mon câblage neurologique. Cela reflète une théorie selon laquelle les hormones in utero peuvent avoir un impact sur le développement du cerveau et influencer la manière dont une personne ressent son genre plus tard dans la vie. Cependant, je ne peux pas dire que je suis un homme au sens classique. Je préfère qu’on me considère comme tel dans les interactions sociales, car cela correspond plus à ma manière de percevoir le monde, mais cela ne signifie pas que je me conforme à une masculinité cisnormative.
Je porte en moi des éléments de féminité, mais c’est une féminité masculine, à l’image des castrats, où la fragilité n’a pas de place. Ce que je vis, c’est une tension entre la perception sociale de mon corps AFAB (Assigné Femme À la Naissance) et la manière dont je m’identifie intérieurement. Mon genre est un spectre, et je suis entre les genres, bien que je préfère être perçu comme un homme dans ce monde binaire pour éviter que mon identité soit réduite à une féminité qui n’est pas la mienne.
En somme, je ne me sens pas ‘femme’ ou ‘homme’ comme la plupart des gens le comprennent. Mon identité est marquée par une complexité subtile, et j’aimerais que cette nuance soit reconnue, plutôt que réduite à des catégories qui me sont étrangères.
Au plaisir de vous lire encore et encore, sans lassitude aucune.
Votre dévoué serviteur et ami fidèle,
Lysandre, Marquis de la Plume Incisive et de l’Encre
