La Perception Trompeuse du Préfixe « Trans » : Réflexions sur l’Identité et la Complétude

Ah, très cher·e ami·e,

Les vocables « Transibérien » et « transatlantique » évoquent une traversée, un périple d’un point à un autre, un passage inévitable. Le préfixe « trans », tiré du latin, signifie « au-delà » ou « à travers », suggérant un mouvement, une métamorphose. De la même manière, l’épithète « trans », accolée à l’identité de genre, semble véhiculer l’idée d’une transition vers un état présumé complète. N’évoquons-nous pas, d’ailleurs, la « transition sociale » et la « transition médicale » comme des jalons vers un prétendu accomplissement ? Ce terme, toutefois, induit souvent en erreur, suggérant une incomplétude, une imperfection, une non-conformité qui n’a nul lieu d’être.

Se dessine alors souvent une hiérarchie tacite entre les hommes : d’un côté, nous parlons d’hommes « trans », tandis que les hommes cisgenres (1) sont simplement désignés comme « hommes », comme s’ils incarnaient l’archétype indépassable. Mais, ne sommes-nous point tous, nous hommes, des hommes en essence ? Bien que le terme « transexuel » (2) ait été supplanté par le mot « transgenre » (3), ce vocable nouveau, s’il ne porte plus en lui l’idée brute d’un changement de sexe, continue de suggérer un passage d’un genre à un autre. Ce changement de dénomination n’efface donc en rien la perception fallacieuse véhiculée par le préfixe « trans », qui tisse un lien trompeur entre sexe biologique, identité de genre et expression de genre, trois notions pourtant dissemblables.

Il sied donc de comprendre que le vocable « trans » (4) ne désigne nullement une quelconque déficience, mais exprime tout simplement une autre manière d’affirmer son être. Un homme transgenre est, pour dire vrai, tout simplement un homme. Il n’a point besoin d’être né biologiquement mâle pour être reconnu en tant que tel, ni même de revêtir les apparats masculins traditionnels pour se prévaloir de son identité. Il est un homme, tout comme chaque homme l’est à sa manière propre, dans l’infinie diversité de nos existences.

Être un homme, c’est incarner un rôle social qui puise son essence dans l’identité intérieure, dans la manière dont la société interagit avec nous, non en fonction d’une simple apparence. La distinction entre sexe (5), identité de genre (6) et expression de genre (7) mérite d’être clarifiée, afin que jamais plus nous ne réitérions les stéréotypes d’un autre âge, désormais obsolètes. Il est grand temps que nous nous référions simplement aux hommes, aux femmes et aux personnes non-binaires (8), en gardant à l’esprit que le genre est en réalité un spectre infini. Telle est la richesse de notre humanité, comparable à la pluralité des identités, une mosaïque d’expériences uniques, indépendamment de l’assignation à la naissance, du sexe ou de la manière dont nous choisissons de nous parer.

Ainsi, lorsqu’un homme affirme être un homme, accordons-lui notre créance. Car, en vérité, nul ne sait mieux que lui qui il est.

Quant à des considérations plus personnelles, sachez que, bien que votre serviteur, AFAB (9) de condition, eût préféré voir le jour sous le signe AMAB (10), sa dysphorie de genre (11) cessa de le consumer à l’instant même où il prit conscience que sexe biologique, identité de genre et expression de genre sont trois notions profondément distinctes. Cela le porte ainsi naturellement à croire que, si la vérité était rétablie, il est fort probable que moins de personnes transgenres se sentiraient contraintes de subir des transitions médicales d’une extrême violence physique.

Puisse ainsi cette modeste missive se frayer un chemin vers les cœurs qui en ont besoin.

Au plaisir de vous lire encore et encore, sans lassitude aucune.

Votre dévoué serviteur et ami fidèle,
Lysandre, Marquis de la Plume Incisive et de l’Encre


Annotations :

  1. Cisgenre : Désigne une personne dont l’identité de genre correspond au sexe qui lui a été assigné à la naissance.
  2. Transexuel : Terme anciennement utilisé pour décrire une personne qui a subi ou souhaite subir des modifications médicales pour aligner son corps à son identité de genre. Ce terme est aujourd’hui moins préféré en raison de sa focalisation sur les aspects physiques de la transition.
  3. Transgenre : Désigne une personne dont l’identité de genre ne correspond pas au sexe assigné à la naissance, sans nécessairement passer par des modifications physiques.
  4. Trans : Terme parapluie qui inclut à la fois les personnes transgenres, les personnes non-binaires et d’autres identités de genre qui ne correspondent pas au sexe assigné à la naissance. « Trans » inclut « transgenre », mais il va au-delà en couvrant un éventail plus large d’identités de genre.
  5. Sexe : Désigne les caractéristiques biologiques (chromosomes, organes reproducteurs) d’une personne.
  6. Identité de genre : Sentiment interne de se reconnaître comme homme, femme, les deux, ou ni l’un ni l’autre, indépendamment du sexe biologique.
  7. Expression de genre : Façon dont une personne exprime son genre à travers l’apparence, les comportements, les vêtements, etc.
  8. Personnes non-binaires : Personnes dont l’identité de genre ne correspond pas à la binarité homme/femme.
  9. AFAB (Assigned Female at Birth) : Personne assignée femme à la naissance.
  10. AMAB (Assigned Male at Birth) : Personne assignée homme à la naissance.
  11. Dysphorie de genre : Malaise ou souffrance liée à la discordance entre l’identité de genre et le sexe assigné à la naissance.

Lysandre, Marquis de la Plume Incisive et de l'Encre

Marquis Lysandre de la Plume incisive et de l'Encre | L'art des mots au service de l'esprit. Pour vous servir.

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